Entre ce 14 Juillet et ce 14 Août 2016, un grand changement qui a pris du temps.
Nous avons dû déménager, de façon brutale et imprévue.
Je n'ai pas envie de m'étaler sur les raisons de ce départ, mais je dois préciser qu'il n'était pas de notre fait. Il est douloureux de devoir quitter un lieu qu'on aime...
Nous avons dû accepter l'évidence : il fallait quitter notre arrondissement préféré, l'appartement dans lequel C. avait grandi, le quartier que nous connaissions par coeur, avec nos petites habitudes, nos restos préférés, nos commerces-amis, nos amis-voisins.
Il fallait digérer l'idée de ne plus participer au Vide-Greniers du CED13, de ne plus habiter à côté de la Ferme Tropicale, de ne peut-être plus jamais voir le feu d'artifice de notre balcon.
Finies, les plantes vertes à volonté dans notre grand salon.
Fini, le chat se baladant gaiement le long du balcon en enfilade.
Fini, le lever de soleil du matin.
Finies, nos expéditions au local "encombrants" pour récupérer des meubles à retaper.
Game Over.
Une fois cette nouvelle durement avalée, il fallait faire face à l'évidence : notre dossier était catastrophique. Evidemment, nous avons fait une demande de logement social, dès l'annonce de notre départ, le 1er Juin. Nous postulions à tout ce qui nous paraissait raisonnable, mais la plupart des appartements qui pouvaient peu ou prou nous être attribués faisaient dans les 30 mètres carrés.
Devions-nous également renoncer à l'intégralité de notre matériel de création, et par cela même, à une part du succès de notre petit shop ?
Poubelle aussi, notre plus beau projet ?
Après avoir visité quelques cages à poules, nous avons dû nous poser des questions d'avenir.
Non. Nous ne pouvions pas sacrifier nos créations, nos bijoux, le cuir de C, mes poupées, au nom d'un vilain coup du sort. C'eût été suicidaire.
Il fallait donc se battre. Il nous fallait un 3 pièces, ou du moins, un appartement assez grand pour y faire un semblant de bureau-atelier, dans la cuisine, dans le salon, peu importait, mais il nous fallait un minimum de surface.
Après avoir postulé sur tout ce que le logement social pouvait éventuellement nous offrir, passé quelques coups de fil vains (ha, les promesses en l'air des gens "prêts à aider"...), nous avons attaqué PAP.fr avec détermination et appréhension.
Appréhension justifiée.
En une semaine, nous avions effectué onze visites. Sur ces onze, deux appartements. Oui, deux appartements. Les neuf autres ?
Allez, passons sur le vieil immeuble mitoyen à ... un chantier, les charmantes personnes estimant qu'une mezzanine à 1m20 de plafond c'est un "étage", et parlons des meilleurs cas.
- Un garage aménagé. Oui. Bois de palette de récupération, sol ployant sous votre poids, grinçant de partout, et cela pour la modique somme de 1500 euros par mois. Une beauté.
- Un squat, boîte aux lettre cassées au pied de biche, immeuble sans porte, fenêtre cassées. Loué 1350 euros, car proche du métro.
- Un appartement donnant directement sur un camp-bidonville avec voitures brûlées sur le trottoir. Loué 1400 euros, car il y a un jardin.
- Un appartement plutôt propre, dans une petite maison, mais attention, l'accès au jardin et à la cour sont interdits, et Mr le Papa du Propriétaire "passe régulièrement pour vérifier que personne ne déroge à la règle, car sinon il y a des problèmes". Ha. Donc on a un appartement avec porte-fenêtre sur un endroit qui nous est rigoureusement interdit. Un délice, comme cadre de vie.
Vous allez peut-être me dire que c'est pas facile quand on est propriétaire.
Je ne le nie pas, mais je vais pointer ceci : sur une vingtaine de visites effectuées, nous n'avons vue que 4 appartements DECENTS. Les autres louaient par PAP car ils SAVAIENT que jamais une agence n'aurait accepté de gérer leurs taudis.
Et franchement, cela me dégoûte. C'est une compétition de mauvaise foi !
Et enfin, la grande gagnante : Une dame, qui loue pour 1700 euros une maison de 80m2 à Montrouge. Je connais bien Montrouge, et j'aime beaucoup, donc malgré le prix, nous décidons de tenter notre chance.
Au téléphone, elle nous explique que "c'est un peu particulier : en fait, le bas de la maison est habité par mon frère. Vous, vous n'aurez accès qu'au salon".
- "Ha mais heu... c'est une colocation alors?
- Non, pas du tout. Je loue ma maison, mais mon frère y habite, comme ça on partage les charges, c'est pratique.
- Ben... du coup... c'est bien une colocation...
- Non non pas du tout. Vous allez voir, c'est CHARMANT. Pour aller à l'étage, il y a une jolie échelle de meunier...
- Heu.... une échelle ?? Mais vous disiez un ETAGE. Là, c'est une mezzanine en fait... ?
- Oui, c'est très grand, il y a 1m60 de hauteur!
- Heu... Clément fait 1m85... Bref... je ne comprends pas en fait, le salon fait 80m2 ?
- Non, c'est la totalité de l'appartement.
- Soyons clairs : en loi Carrez, il y a combien ?!
- Ho, vous allez voir, le salon est IMMENSE. Il fait au moins 22m2, ça j'en suis certaine !!
Okay. 22m2 avec mezzanine, plus les charges de Monsieur le Frère, 1700 euros.
Nous étions au fond du gouffre.
Nous avons fini par déposer nombre de dossiers à Créteil, à Clamart, à Puteaux, etc...
Et heureusement, on nous a dit "oui" !
Grâce à une palanquée de potes disponibles et généreux de leur temps, nous avons réussi notre déménagement "quatrième vitesse".
Nous sommes encore dans les cartons, fatigués, mais soulagés. Mais stressés par le loyer. Mais soulagés.
Bref, une avalanche de stress et de joies, de déceptions et de petits bonheurs, la vie, quoi.
Une grosse épine enlevée d'un pied.
Qui sait ce que nous réserve l'avenir, dans notre bloc avec vue sur l'Arche de la Défense.