On en a tous eu peur, de cette goutte.
Est-elle là ? Est-elle tombée ?
A-t-elle touché sa cible, cette goutte horrible, cette goutte de sang, celle qui fera déborder le peuple ?
Les familles ont à peine entamé leur deuil, que déjà les vautours se pressent.
Entre voyeurisme dégoûtant et raccourcis malsains, les rapaces sont là, heureux, fiers, se gargarisant d'une catastrophe qu'ils sont si fiers de brandir depuis des années, se félicitant de leur haine qu'ils croient à présent justifiée, réclamant justice dans le feu et le sang.
N'oublions pas qui nous sommes.
N'oublions pas que si aujourd'hui c'est bien le peuple de France qui paie, la Nation, elle, a ses responsabilités.
Car c'est bien elle qui fait la guerre depuis des mois.
Oui, nous sommes en guerre, mais ce n'est pas une surprise.
Messieurs les énarques, cette guerre vous arrangeait bien il y a peu, quand elle était loin de vous, discrète, perverse.
A présent que ses conséquences sont dans les rues de votre capitale, vous jouez la surprise, le choc.
Dans vos grandes phrases de princesses outragées, il y a une ironie écoeurante.
Vous saviez que vos actes auraient des répercussions.
Et vous, qui l'an dernier, clamaient "Bien fait pour Charlie Hebdo !"... Que dites-vous, à présent ?
Quand à nous, vous, moi, petites gens, que pouvons-nous faire à présent ?
Ne pas céder, ni à la peur, ni à la haine, ne pas accepter les couleuvres qu'on nous propose d'avaler à grand renfort de formules-choc.
N'offrons pas nos libertés pour une illusion de sécurité.
Informons-nous, agissons.
Prenons soin de nous, s'il en est encore temps.