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Tattoo artist, crafter, illustratrice.
Nolife, tree hugger, mais sympa quand même.

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lundi 5 mai 2014

Geek & girly




Les années passent, les souvenirs restent.
Qui se souvient de tous ces p'tits gus ? :)



vendredi 2 mai 2014

J'ai testé pour vous : la manif du 1er mai.


La manif du 1er mai, c'est quoi au juste ?

Au delà de la fameuse "fête du travail", peu de gens savent que le 1er mai est la journée internationale des travailleurs et que cela se fête dans de très nombreux pays... ni même que les origines sont (hé oui) américaines, grâce à la grève générale des ouvriers, en 1886... qui inspira ensuite bien des mouvements.

Du coup, aujourd'hui, le 1er mai est encore la fête des travailleurs et des revendications syndicales.

Pour ma part, je ne suis pas syndiquée, et je connais peu de gens qui le sont. D'ailleurs, j'entends souvent "Les syndicats ça sert à rien".
Je vous invite à vous poser la question : que savez-vous vraiment des syndicats ?
Dans votre entreprise, qui est le délégué syndical ? En avez-vous un ? Que fait-il au juste ?

En général, la réponse est "heu...."

Du coup j'ai envie de dire : avant de reprendre en coeur les affirmations entendues partout comme des moutons ("les fonctionnaires, tous des fainéants" "les grèves, ça sert à rien" et autres), réfléchissez à ce que vous savez VRAIMENT du sujet, et ce que vous proposeriez à la place.

Fin de parenthèse.

Du coup, cette manif sert à quoi ?

Elle sert à offrir une représentativité à tous les syndicats, mais aussi à beaucoup d'associations sur les droits du travail, l'égalité...
C'est une manifestation POUR , bien plus qu'une manifestation CONTRE.
C'est ce qui la rend intéressante à mes yeux.
On est pas là pour gueuler, on est là pour promulguer, ça donne déjà plus envie.

Mais pourquoi faire ?

Pour signifier au pouvoir en place, quel qu'il soit, que les représentants des travailleurs sont bien là.
Bien sûr, chacun y va de ses revendications.
Le but est de faire une manifestation unie et forte.

Mais vous avez que ça à foutre ?

Non. Le premier mai est férié, tous les gens qui sont là pour manifester pour VOTRE cul le font de façon bénévole. Si vous ne comprenez pas cela, nous n'avons plus rien à nous dire et je vous déconseille de lire la suite, et mon blog en général :p
 ...

Bon ben raconte-nous, wesh !

C'est parti !

Bon, déjà, moi, je suis indépendante et pas syndiquée. C'est donc par curiosité, pour ne pas mourir bête et pour le plaisir de filer un coup de main à des amis, que j'ai participé à la manifestation avec l'équipe CGT Ferc. C'est la fédération CGT de l'éducation, la recherche et la culture.

Les profs, c'est tous des fainéants !

Vous, je vous ai dit de partir !!!
La FERC regroupe les enseignants, mais aussi tout le personnel de l'éducation (éducateurs en centre, en foyer de travailleurs...), et tout ceux que cela concerne (CROUS, restauration, logement...), ainsi que le personnel de la recherche et de la culture, à tous niveaux.  Voilà pour la présentation rapide.

Quand on m'a dit "Bon ben la manif est à 15h" je me suis dit "tranquille si si la famille, on va glander un peu". Après, ils ont ajouté "Du coup faut être à la cégèt à 9h30" j'ai compris qu'on allait moins glander que ce que je pensais. Damn. (La cégèt c'est la CGT des intimes, m'voyez)

Du coup, on se réveille (greuh) péniblement, et là commencent les interrogations existentielles de meuf, que je suis.

On met quoi pour une manif ?

Là bien sûr, les habitués hurlent de rire.
Ben OUI BAH DESOLEE, c'est pas EVIDENT pour tout le monde, surtout quand Météo France clame à l'averse orageuse dans ta face, bitch.
Je n'avais RIEN à l'étanchéité correcte (tiens, faudra que je pallie à cette faille garderobesque... hin hin) du coup j'ai ressorti ma veste de moto. (En plus, un peu parano, je me suis dit que les protections au coudes pourraient servir.)
On me promet-jure-crache que le casque ne sera pas nécessaire. J'ai un peu peur des bastons, des CRS et de tout ce que nous promet TF1. On me juuuuure que franchement c'est cool. Je doute.

A peine un malheureux café avalé, on file à la cégèt.
Le bâtiment, c'est l'immense truc assez laid porte de Montreuil.

Crédit photo CGT

C'est GIGANTESQUE et assez impressionnant.
Ca me rappelle Brest, vu que c'est carré et agressif.

On arrive au 3e étage. Les murs sont recouverts de moquette marron, c'est bien moche, on dirait un vieux commissariat ou un hôpital, y'a des affiches de campagne partout sur les murs. Droits des femmes, droits des enfants, droits des LGBT, égalité... des sujets qui me plaisent. Dans les bureaux, des archives aux dates délirantes (Machin 1947-1960... j'en reste baba), des papiers, des affiches encore, des photos de famille, des plantes vertes. C'est marrant, ça fait bonne ambiance, on se croirait dans une comédie des années 70.



L'ambiance est très détendue, je dirais familiale. Les gens rigolent, blaguent, on ne se presse pas.
Au final, nous ne sommes que 6 pour préparer cette manifestation. Je suis un peu surprise...
6 personnes pour toute une antenne ? Pour la plus grande manif de l'année ? Je me dis que le bénévolat, c'est une sacrée arnaque quand même...



On prépare des sandwiches et des bouteilles de mojito (ultra-light, d'ailleurs, et tant mieux vu le litrage qu'on boit quand on défile... j'y reviendrai).

Il y a un camion qui nous attend en bas.
On charge plein de matos dans des caddies (le ballon, les chasubles de sécurité, les ponchos, les stickers, la sono, un groupe électrogène...)
Mine de rien ça prend du temps, et on démarre vers 13 heures.

Arrivée place de la Bastille 13h30. La manif est censée partir à 15 heures, il faut préparer.


On sort tout le matériel. On pose les panneaux aimantés sur le camion, tout autour.
Le ballon est gonflé, et on le sangle sur les rétros et les portes du camion. Un sacré travail d'équipe, évidemment sous la pluie (je bénis ma veste déperlante de tout mon amour).

Des gens viennent nous demander si on vend des ponchos de pluie. Certains râlent : on avait dit qu'on devrait en vendre !! Mais nous, on n'en a pas.

On donne des stickers, histoire de.






Qu'il est beau, le ballon !!
Je suis contente d'avoir aidé à monter ça (oui, comme une gosse. Ce truc est énorme.)


On branche la sono, qui ne marche pas vraiment, puis qui remarche, on la débranche, la rebranche...
Pour moi qui ait déjà travaillé en asso, je retrouve l'ambiance joyeuse et bordélique du "mais qui c'est qui a tout déréglé, bordel, la dernière fois ça marchait". 

Tout autour, plein d'autres camions, les militants commencent à arriver en nombre.


Une jolie photo façon 1900 pour la manif :p

Tout le monde est un peu tassé, les sonos sont à fond, c'est assez désagréable. On attend que le cortège démarre.
Certains camions sont énormes et peints aux couleurs de leur syndic ou de leur fédé. Certains ont carrément un bar derrière, avec la licence 4. Pas mal de gens boivent. Ca sent les frites. Il y a des enfants, des poussettes, des étudiants, des infirmières, ça fait très fête de village.
Le camion devant nous passe du Trust à fond. On chante "Antisocial" et "L'Internationale".

Une file de CRS passe, casqués, bouclier en avant, flashball à la main. Je flippe un peu. On me dit "T'en fais pas, c'est leur boulot".

Un militant PCF vient me taxer un mojito en me disant qu'on est du même bord, Camarade. Je rigole et je le sers. Un cheminot vient me dire que je serais jolie sans mes piercings. Ca faisait longtemps, tiens...

A la Bastiiiilleuuuuuuhhh 


Le cortège se prépare à démarrer. C'est le seul moment vraiment pénible : on doit faire en sorte que les camions passent les uns après les autres, donc rouler tout doucement en écartant les gens qui restent plantés comme des nouilles sur la route.

Le service sécurité, avec les gilets fluo.


Du coup,  moi aussi j'écope d'un gilet "sécu" et je me tiens à côté de la camionnette en braillant "Attention sivouplé messieurs-dames le CAMIOOOOOOON" 
Au bout de 5 minutes, j'en suis à "Attention m'sieur-dames CAMION allez on s'pousse ce serait dommage de s'faire écraser un 1er mai". Certains, on est obligé de les toucher, de les pousser doucement, sinon ils ne bougent pas. C'est un peu flippant, je n'aime pas ce genre de contact, mais la plupart des gens réagissent bien. Certains râlent. Je me demandent ce qu'ils font dans une manif, du coup. 

Des touristes et des nanas hyper-branchées nous prennent en photo ("Comme c'est pittoresque"). On leur fait coucou comme la Reine d'Angleterre.

Derrière nous, s'est raccroché le cortège des travailleurs Sans-Papiers. Ils ont plein de tam-tams et d'instruments TRES bruyants. Dans le public, certains râlent. Je me demandent ce qu'ils font dans une manif, du coup.  
Nous, on est contents, vu que la sono est retombée en panne.
Il y a pas mal de journalistes un peu partout. On fait coucou aux caméras qu'on croise.


 Les travailleurs sans-papiers


Une copine nous a rejoints. On a trouvés des vuvuzelas et des sifflets.
Sans abandonner mon poste "sur-le-bord-du-camion-pour-que-rien-ne-se-pète-la-fiole", je trompette gaiement (j'ai retrouvé mes 5 ans).
On rigole, on crie "Solidarité avec la Cégétééééé"' comme dans le sketch des Inconnus,
on boit du mojito. 

Les CRS sont tous décasqués. Ils sont placés devant les banques (et seulement devant les banques d'ailleurs... ), et nous regardent passer tranquillement. Certains nous tournent le dos : on sent qu'on n'est vraiment pas dans une manif "tendue".





Il y a des militants de tout. Trans en colère. Féministes. Régionaux. CNT. Parti de gauche.... Je vois Arlette Laguiller au milieu d'un groupe. Je vois Olivier Besancenot. 

Un groupe de féministes chante "Qui gagne moins qu'un travailleur ? UNE TRAVAILLEUSE !!" Je chante avec elles. Plein de gens distribuent des tracts, je prends de tout, je les lirai à la maison.

Le cortège est lent, très lent. Soyons honnêtes : ce n'est pas rock'n'roll. On avance doucement, on fait attention aux enfants et aux gens qui traversent comme des nouilles, en gros, c'est vraiment pas un boulot de dingue.

Pas mal d'assos vendent des badges et des fanzines sur le côté. Je revois mon militant PCF, on se check, c'est marrant.

Il flotte, il dé-flotte, il re-flotte.
Jamais je n'ai autant aimé cette veste de moto.
Une journée entière sous la pluie en Tucano, je suis au sec. En voilà qui ne volent pas leur pub :p



Ca avance tellement lentement que quand je regarde ma montre, il est 17h30. On est Boulevard Saint-Antoine. On arrive à Nation à 18h... 3 heures de manif avec l'impression de n'avoir rien fait.

Je me précipite sur le premier rade venu pour faire pipi (petite vessie power!!) et boire un café.
Les militants démontent le ballon, les panneaux. C'est plié en 20 minutes.

Vintage la manif :p

On rentre à Montreuil pour vider le camion et ranger tout.
On boit un dernier verre en salle de réunion, ça cause un peu organisation, pas du tout politique, à ma grande surprise. Moi et ma pote, on est chaudement remerciées de notre coup de main bénévole.
On finit le mojito.

On rentre à 21 heures, un peu cassés mine de rien. Une grosse journée pour peu de choses ?
Possible, mais quand même, se dire qu'on a aidé.
Je suis contente d'avoir milité pour une cause qui me tient à coeur.

Mon seul regret ? Je n'ai pas vu le Petit Journal de Canal + :D
Au final, j'ai passé une bonne journée, avec des gens sympathiques et motivés.
Je suis impressionnée par leur engagement envers des gens qui en général n'en ont rien à foutre.
Nos délégués syndicaux, ce sont un peu nos assistantes sociales...

Je n'ai pas eu vent du moindre problème. Là aussi on voit que les médias aiment faire peur aux gens, et dramatisent souvent les incidents.

D'ailleurs, ce matin, je lis les infos et je ris : 
Pour eux, c'est la preuve que les syndicats sont pourris.
Personnellement, je pense que les trombes de flotte qu'il tombait y sont aussi pour quelque chose, non ?  Nooooooon.... 

Déjà bien plus intéressant et complet, mais complexifiant la chose inutilement non ?
C'est bien beau de parler des ressentiments entre la CFDT et la CGT, mais là, c'est la journée des militants. On aimerait qu'on parle de ce qu'ils FONT, pas de ceux que leurs supérieurs se mettent dans la gueule à la 1e occasion de passer à la télé !

Au final, je n'ai pas trouvé un article résumant simplement la manifestation dans son ensemble.
C'est à cela que je constate que la représentation d'un événement dépend bien trop des médias, et que trop de gens s'y fient sans jamais chercher à voir plus loin.

Moi, hier, j'ai vu des gens motivés, prêts à bouger, prêts à proposer des solutions.
J'ai vu une ambiance solidaire, des gens cool, pas de haine, pas de violence.
J'ai appris beaucoup de choses sur le syndicalisme, sur son utilité, sur sa réalité au quotidien, auprès des gens, pas à la télé ou dans des meetings politicards foireux.

Croyez-le ou non, j'en suis la première étonnée.
Et, oui, je pense que je reviendrai.














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