About me

Tattoo artist, crafter, illustratrice.
Nolife, tree hugger, mais sympa quand même.

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lundi 4 août 2014

Entreprenez, qu'ils disaient.

"Mais pourquoi tu montes pas ta boîte?" est un truc que j'ai entendu pendant des années.

Des années, des années pendant lesquelles je me disais qu'un jour, pourquoi pas, peut-être.
Puis après en avoir eu marre des patrons qui ne me déclaraient pas, et autres galères du genre, quand des proches ont fini par me proposer une création d'entreprise, j'ai dit"Banco".

Ca tombait bien, je venais de quitter un job pourri, grâce (ou à cause...) à une inspection du travail tombant sur le coin du shop où je bossais, mais ceci est un autre sujet.

Bref, on monte une boîte, comme dirait l'autre.

Attention hein, faut faire les choses bien. Comme on est des newbs, on recrute un juriste et une comptable, hein, et puis on s'inscrit aux formations de la Chambre de Commerce, histoire de pouvoir causer fiscalité sans se croire en vacances au Mékong.

Du coup, tout prêts tout beaux comme des camions, nous avons enfilé des chemises (si si) et nous sommes partis démarcher.


Nous avons consulté sept banques.

La première nous a dit « Ha mais nous, le tatouage, on n'y connaît rien, alors du coup ça va être compliqué ». Comprenez « Non ».

La deuxième nous a dit « Vous voulez 40 000 euros ? Pas de problème, apportez-nous 20 000 et on vous donne le reste. »

La troisième nous a fait refaire nos papiers d'identité en nous jurant qu'il était impossible d'obtenir quoi que ce soit avec une carte périmée depuis fin 2013. Tout ça pour dire ensuite :
"Ha ben en fait on s'était pas renseignés mais comme c'est valable 15 ans et plus 10, en fait elle était valable votre carte ».
Une telle incompétence et une telle perte de temps gratuite nous a dissuadés de continuer les négociations dans cette agence.

Pendant ce temps-là, bien sûr, la quatrième et la cinquième banque avaient eu le temps de nous refuser. La sixième ayant enchaîné peu après, nous sommes allés au rendez-vous avec la septième le cœur un peu gros, mais encore pleins de motivation, de courage, nous avons orné nos jolis visages de nos plus beaux sourires, et business-plan en main, nous avons rencontré notre conseiller.

Souriant, sympathique, celui-ci s'est montré intéressé. Joie !
Malgré notre petit apport, il trouvait le dossier solide, et nous parlait des prêts d'aide à la création d'entreprise, tels BPI France. Nous avions trouvé la perle rare.

Nous avons ouvert le compte de l'entreprise, déposé le capital, et attaqué le marché immobilier.
Nous avions un joli papier d'attestation de projet de prêt.

Ca ? C'était en avril.

Comme vous l'avez vu sur le blog du shop, notre premier espoir, à savoir les bailleurs sociaux de la ville de Paris, s'est très vite frotté à la dure réalité d'un marché hermétique.
Nous avons perdu un temps précieux en promesses vaines. Notre premier coup de cœur nous a coûté trois mois de paperasses et d'attentes pour un « non » arbitraire.

Inquiets du temps qui passait, mais voulant être réactifs, nous nous sommes très rapidement tournés vers d'autres solutions.

Les bailleurs privés sont plus chers, mais en cherchant bien...
Plusieurs locaux ont fait fondre notre cœur tout en nous promettant un avenir chantant (avec oiseaux et papillons).

Un des bailleurs a aimé notre dossier. Il trouvait le projet sérieux et convaincant, et nous a proposé un bail de façon extrêmement rapide et efficace. Nous l'aimons d'amour et des fleurs de cerisiers parsèment notre chemin.

Et alors, on y est, non ?

Ben non. Parce que là, fin juillet, alors que notre compte est ouvert depuis début mai, que notre belle promesse de prêt est là depuis trois mois, les fonds n'ont toujours pas été débloqués.
Notre conseiller bancaire nous a alors annoncé le changement de direction de son agence, et donc le blocage de tous les dossiers en attente, car la nouvelle direction souhaitait tout réexaminer.

Bah, quelle importance, puisque nous avons enfin ce projet de bail.

Nous devions le signer ce 1er août 2014.
La veille, 11h30, notre conseiller appelle.

« Heu oui... heu c'était pour vous dire que heu... le nouveau directeur vous refuse le prêt »
« Pardon ? Et pour quelle raison, on peut savoir ? »
« Il ne souhaite pas investir dans « ce genre » d'entreprise, et il trouve que vos association est peu fiable » (Vous noterez le mépris dans la dénomination)
« Comment ça « notre association » ? C'est parce qu'on est des femmes c'est ça ? »
«  Heuuu... vous savez ça ne reflète que son opinion pas la mienne...  »
« Le prévisionnel était bon pour votre ancienne directrice, donc ce n'est pas une question de fiabilité financière. Donc, c'est personnel. Non ? »
« Ben heu... moi c'est pas ce que je pense mais... »

(Précision : cette conversation a été résumée, mais en aucun cas déformée ni caricaturée. Ces mots ont bien été prononcés).

Un gouffre s'ouvre sous nos pieds.

Nous nous sommes rués sur nos téléphones. Amis, famille, banquiers personnels, nous avons ameuté tous ceux susceptibles de nous aider.

Evidemment, nous n'avons pas signé notre bail.

Nous avons par contre trouvé, dans la précipitation, une autre agence de la même filiale, qui semble un peu gênée des agissements de leurs collègues et qui semblent prêts à nous aider.
Mais là encore, on nous demande plus de cash.

Pour obtenir 40 000, il nous faut bien 20 000.
En gros, six mois de perdus pour entendre la même chose.

J'en vois qui rigolent, au fond là-bas. Vous savez quoi ? Je les emmerde.
On ne lâche rien, et on continue coûte que coûte.

Par contre, on a comme un goût amer dans la bouche.
Un goût d'ironie aussi, quand après ça, les médias nous parlent de l'immobilisme français, et du fait que les gens ne veulent pas entreprendre.

Qu'ils rôtissent en Enfer.

ATTENTION : Je tiens à préciser que ce coup de gueule est PERSONNEL.
Les faits sont réels, mais mon ressenti est exprimé à titre individuel.
Je n'engage que moi dans tout ceci, et cela ne reflète pas forcément l'opinion de l'entreprise ni de mes collègues. Sachons ne pas tout mélanger.





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